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Ilha Grande, Paradis sur Terre?

Après 3 semaines avec les cariocas à vivre le quotidien tout en ajoutant des visites de musées, quartiers historiques, randonnées aux points culminants, fêtes dans les Blocos avec les locaux (locos?), le Sambodroma et quand même un peu de plage, je sens que j’atteints mes limites pour la vie urbaine et mon corps me urge d’aller passer plus de temps dans la Nature. Ne vous méprenez pas, j’ai passé de supers moments dans cette cité vivante mais la vie dans une ville de cette ampleur me rappelle parfois la quantité d’énergie qu’il faut pour pouvoir suivre le rythme. Ceux qui sont allés à New York City savent de quoi je parle. Il y a tellement de monde, tellement d’activités, tellement de sollicitations de l’attention, tellement de distractions, tellement de choses à faire tout le temps que je perçois le phénomène comme drainant mon énergie ou que je dois résister pour que cela ne se produise pas. C’est fatiguant. Ajoutant à cela que ma situation de logement n’était pas idéale, les conditions étaient remplies pour amorcer un changement et d’aller explorer d’autres territoires.



Instinctivement, ou inconsciemment, l’idée d’aller passer quelques jours à Ilha Grande me vient en tête. Traduit littéralement « la Grande Ile », ce bout de terre se situe à 2 heures de bus de Rio jusqu’à Manguaratiba, puis 1h20 de bateau jusqu’à l’île. Ilha Grande n’est ouvert au public que depuis 20 ans environ puisqu’elle était l’hôte d’une prison fédérale ayant abrité les plus dangereux criminels du Brésil. On y trouve donc un tourisme de petite échelle, une forêt tropicale presque intacte, une interdiction de circuler en voiture (sauf autorités locales), des plages naturelles et beaucoup de randonnées. Ça c’est sur le papier, nous verrons si c’est le cas sur place.


Je partage mon séjour avec Stéphanie, une brésilienne rencontrée dans l’avion parlant parfaitement français et avec qui j’ai bien sympathisé. Nous arrivons tôt le matin sur l’île par bateau, dès l’arrivée sur les quais de Abraão, la ville principale de l’île ou sont situées la plupart des activités et logement, on peut constater la présence du tourisme avec plusieurs agences proposant des tours, des excursions, des transports… Comparé au niveau de développement du village, je trouve que cela est un poil oppressant. Je passe outre puisque nous avions prévu de faire notre propre expérience en commençant par dormir dans un camping. Après avoir parlé à l’agence du Tourisme, on nous déconseille très fortement d’aller faire du camping dans un autre endroit que Abraão en randonnée avec nos sacs à dos. Nous optons donc pour Camping do Papa, un nouveau camping situé à 15 min du centre du village. En fait, c’est simplement une maison familiale avec beaucoup de terrain aménagé pour installer des tentes, des sanitaires et cuisine indépendantes, c’est rudimentaire mais parfaitement suffisant et très abordable (environ 6 euros la nuit par personne). De loin, Abraão ressemble à un village de pêcheur, des constructions simples, sur deux ou trois étages maximums, parfois en bois, parfois en brique, un petit port avec une bonne flotte de bateaux et des plages de parts et d’autres. Malgré le tourisme, la vue est tout de même pittoresque et on ne peut s’empêcher de tomber sous le charme immédiatement, où finalement, le village donne l’impression d’avoir été construit et développé en minimisant son impact sur la forêt tropicale qui est littéralement aux pieds des bâtisses et chemins. Et là est la vraie claque. Ce mélange absolument parfait entre l’eau turquoise, le sable blanc, les simples bâtiments et cette forêt imposante me fait sentir comme si la Nature nous tolérait ici tant que l’équilibre et le respect est maintenu, et c’est peut-être pour cette raison que l’île est si protégée. En acceptant un tourisme plus intensif, l’équilibre pourrait être rompu et l’Homme, comme une mauvaise habitude, valoriserait plus l’exploitation de l’île plutôt que sa préservation. La municipalité d’Angra dos Reis, responsable de l’île, semble avoir saisi cette perception de l’équilibre, et je m’en réjouis.



Une fois installé, et parce que le temps pluvieux et humide a décidé d’atteindre notre euphorie mais n’a pas réussi, nous décidons d’aller explorer les chutes d’eau proches de notre campement. Proche sur cette île signifie à plus ou moins une heure de marche. Nous croisons un ancien aqueduc servant à alimenter le village en eau potable, une première chute d’eau où les petits et grands enfants peuvent profiter d’une petite glissade naturelle dans un bassin d’eau (très) rafraichissante. La seconde chute d’eau ou celle nommée Feiticeira, se trouve bien plus loin, au bout de l’heure de marche et la baignade est très bienvenue. On a pu observer un groupe d’allemandes faisant la descente en rappel de la chute qui devait bien faire 15 mètres de haut assistées par un guide dont nous ferons la connaissance le jour suivant (lire plus loin). Nous en profitons pour aller à la plage à proximité portant le même nom où on a pu se baigner malgré une pluie légère.




Le lendemain matin nous prenons la direction pour la plage de Lopes Mendes, soi-disant une des plus belles plages de l’île. La plage est située à 2-3 heures de marche du village principal ou 20 minutes de taxi-boat ($), comme depuis le début de mon voyage j’essaie de ne pas choisir le moyen le plus facile, nous optons pour la randonnée. Pour rendre la marche plus agréable malgré la chaleur une fois de plus accablante, nous faisons un arrêt à la plage Das Palmas ou nous pouvons reprendre notre souffle puisque nous nous rendons compte que nous marchons avec un rythme très soutenu! Sûrement l’envie d’arriver vite à Lopes Mendes. Le reste de la randonnée monte descend et monte encore puisque lorsque le sentier devient sableux, je sais que nous touchons au bout. Lorsque nous émergeons de la végétation, c’est la deuxième claque du séjour. Voyez par vous-même :




Malgré une bonne quantité de touristes, la plage est tellement large et longue qu’il n’est pas difficile de trouver un coin isolé et se sentir comme des naufragés sur une île déserte. Un sable farineux, une eau turquoise et chaude, un ciel bleu, je vous laisse imaginer à quel point c’était paradisiaque. Je passe la journée à lire, écrire, écouter de la musique, dormir, me baigner, bronzer, bref relaxer complètement.

En revenant en ville après ce qui a été la meilleure journée depuis le début de mon voyage, nous allons trouver un guide pour nous emmener dans une randonnée en haut du Pic do Papagaio, la montagne culminante de l’île afin d’observer le lever du soleil. On nous conseille une agence et le guide qui nous reçoit est celui qui était avec les allemandes la veille. Un argentin qui se nomme Guilherme et son partenaire qui s’appelle Martin (coïncidence?!) nous donne toutes les explications concernant la randonnée, nous réglons le paiement et nous donnons rendez-vous le lendemain à 2h30 du matin! Autant dire qu’on n’est pas allé se coucher très tard ce soir-là!


Armés de nos frontales, l’expédition comportant un chilien, un couple de brésilien et un groupe d’anglais, nous engageons le sentier dans un rythme bien plus modéré que la veille. La première moitié de la marche est plutôt tranquille avec des arrêts toutes les 25 minutes environ afin de se ravitailler et de reprendre son souffle. Chose particulièrement agréable est la température fraiche qu’il y avait cette nuit-là, ce qui est apparemment assez rare! Le guide faisant ses explications en portugais, espagnol et anglais nous donnait un avancement régulier de notre montée. Un arrêt à mi-chemin était prévu près d’une source afin de remplir les gourdes et reprendre des forces mais cela a dû être abandonné à cause d’une attaque sournoise et sans relâche de fourmis amazoniennes. Pour avoir lu la Trilogie des Fourmis, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à ces romans de Bernard Werber décrivant l’intelligence de ces petits êtres. Nous devions être sur leur territoire de chasse et elles nous l’ont bien fait savoir!


La seconde partie de l’ascension ressemblait plus à celle du Corcovado avec beaucoup de dénivelé, mais la température fraiche et le rythme modéré du groupe rend la marche agréable. Nous croisons la route d’une jeune araignée nommée communément « The Brazilian Wandering Spider » ou de son nom scientifique « Phoneutria » est l’araignée la plus toxique du monde. En prenant bien soin de ne pas la déranger, celle-ci reste inoffensive. Nous atteignons le sommet peu avant 6 heures et on peut déjà observer les premiers dégradés d’oranges, jaunes et bleus ainsi que plusieurs constellations et Vénus qui brillait intensément au plein Est.



Le spectacle est magistrale admiré de si haut.



On peut pointer Abraão, Angra dos Reis et même Rio au loin. J’avais vraiment l’impression d’être au plus haut du monde malgré les 960 mètres d’altitude, je me demande bien ce que l’on doit ressentir au sommet de l’Everest ou du Kilimadjaro.



Le soleil fait son apparition à 6h38 et nous sommes tous là à admirer le spectacle, émerveillés malgré un vent qui s’est levé et qui frigorifie tout le monde. Tous sont contents d’avoir produit l’effort pour assister à ce moment. Deux hollandaises ayant faites l’ascension par leurs propres moyens nous joignent, elles sont bien courageuses ou peu folles, peut être les deux. Un autre groupe mené par un guide différent nous joigne également, nous sommes maintenant une bonne dizaine aux premières loges. Nous amorçons la descente avec ce dernier guide qui entreprend un rythme plus soutenu, les cuisses ne sont pas contentes et tout ce que j’avais en tête était l’immense sieste que j’allais faire le reste de la journée.


Après un peu moins de 7 heures de marche avec quelques heures de sommeils, nous atteignons le village peu avant 10 heures du matin. Les derniers mètres jusqu’au camping sont les plus durs. On repart sans s’arrêter à la Prahia da Julia pas très loin du village pour y passer la plus grande partie de la journée qui ne fut pas très productive. Nous repartons le lendemain matin pour Niteroi avant que je commence à donner en retour à ce magnifique pays lors de mon bénévolat, ce qui fera l’objet du prochain article !


Vous vous en doutiez, la réponse à la question du titre est oui, Ilha Grande est une île paradisiaque malgré la présence inévitable du tourisme. Avec plus de temps, ou plus d’énergie, non avec vraiment plus de temps, je serais allé explorer le Lagoa do Azul, un lagon d’une eau turquoise parfait pour la plongée, les plages d’Aventureio qui sont très sauvages parait-il, ou encore Parnaioca. Bref, il y a toute une partie de l’île que nous n’avons pas vu alors si vous prévoyez d’y aller un jour, prenez plus que 3 nuits car les activités ne manquent pas sur ce rocher tombé du ciel.


A bientôt.

Le Voyageur Vert.

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